Visite chez le conseiller conjugal – back to the fifties

Depuis que crapaud est né,  notre couple, qui était déjà explosif, est devenu carrément radiocatif. Toute communication est devenue impossible, et tout est sujet à interprétation (négative bien sûr) d’une part et d’autre. Même « bonjour » est devenu un mot difficile.

Je sais que beaucoup de couples traversent une crise après l’arrivée d’un bébé, encore plus d’un deuxième et encore encore plus quand le premier enfant est toujours en bas âge…mais là c’est devenu grave. C’en est venu aux coups. Et qui sait quelle aurait été la prochaine étape. C’est pourquoi j’ai décidé d’appeler au secours en prenant rendez-vous avec un thérapeute conjugal. L’opération de la dernière chance.

Pour être honnête, si ce n’était pour les enfants, je ne suis pas certaine que j’aurais tenté de sauver quoique ce soit. A force de souffrir, à force de rancœurs, on en arrive à oublier ce qui nous a rassemblés au départ. J’avais juste envie de fuir ce climat suffocant,  insupportable, invivable.

Mais là je me devais de tenter le tout pour le tout.

Le mâle a beaucoup chipoté avant d’accepter l’idée d’étaler notre linge sale devant un étranger. Il a accepté, puis refusé, puis accepté puis refusé en me disant qu’il ne voulait rien sauver, qu’il voulait me quitter.

Ce n’est que quelques heures avant l’échéance qu’il s’est finalement décidé à y aller.

Arrivés au rendez-vous, un homme au physique ingrat et au ton condescendant nous invite à nous asseoir. Il nous pose brièvement quelques questions afin de cerner les personnages puis nous demande ce qui nous amène chez lui.

J’avais bien préparé ma réponse, essayant de ne pas tomber dans l’écueil du bureau des doléances, essayant de ne pas accabler mon conjoint (c’est pourtant lui qui fait chier mais bon), expliquant que nous n’arrivions plus à communiquer. Rien d’accusateur, super diplomate. Trop fière de ma maturité affichée (nananananèreuh).

Mon conjoint n’avait pas du prendre les même résolutions parce que, moi qui n’ai pas de fête officielle, j’inaugurais ce soir là le grand festival de ma pomme : « elle ne me repasse pas mes chemises, elle me demande de l’aider à faire manger la petite et à la coucher quand je rentre du boulot alors que je suis fatigué, elle ne me fait pas à manger tous les soirs, elle passe du temps sur Facebook, elle se couche avec les poules alors que je voudrais qu’elle me consacre du temps, sa voix m’insupporte quand elle est en train de pleurer. Je n’ai même plus envie de rentrer à la maison ».

Je boue intérieurement mais affiche un sourire philosophe. Manquerait plus qu’il me fasse passer pour une hystérique. J’explique que je suis érintée, que j’assume les corvées ménagères, que je gère l’administratif et que je m’occupe des enfants jour et nuit sans aucune aide. Je dis que je me donne entièrement, que je ne peux pas en faire plus et que j’aimerais que ce que je fais soit reconnu mais qu’au lieu de ça « on » m’en demande toujours plus et qu' »on » me méprise, qu' »on » me parle de manière insupportable.

Et c’est là que le conseiller conjugal a pris la parole. Et ce qu’il nous a dit m’a juste scotchée sur le fauteuil miteux où j’étais installée :

« Votre conjoint est fatigué quand il rentre du travail, et vous, vous lui demandez de vous aider alors que vous avez été à la maison toute la journée. Il faut le laisser se reposer. Et pourquoi vous ne lui faites pas à manger, ce n’est pas compliqué de doubler les doses quand vous faites le repas de votre fille? »

Essayant de rester stoique au maximum, je réplique que moi aussi je suis érintée, que moi je n’ai jamais un instant à moi contrairement à mon conjoint qui lui dort toutes les nuits, traîne au lit tous les matins, prend ensuite une longue douche et tout son temps pour se préparer et qui ensuite a des pauses clopes et une pause déjeuner et des grasses matinées tous les weekends.  Je n’ai pas pu m’empêcher de rajouter que je trouvais son discours affligeant, et que me demander de ne pas le déranger avec mes corvées de bonne-femmes en rentrant le soir c’était une vision archaique de la vie de couple, totalement injuste et injustifiable, que je ne voyais pas les choses comme ça et que je n’avais pas signé pour ça.

Lui : « Mais vous vous attendiez à quoi en faisant votre second enfant, Madame? Vous pensiez que ça allait être facile, que vos enfants allaient être synchrones? »

Je me retiens de lui arracher la gueule à coup de griffes. Mais j’ai les ongles mous malheureusement.

Moi : « Non, je savais que ça allait être dur mais nous avons décidé de le faire d’un commun accord cet enfant, je ne l’ai pas fait seul ce bébé, monsieur, et il s’était bien sûr engagé à assumer autant que moi. »

Lui : »Mais, si je comprend bien, vous vous couchez vers 21h30 puis le bébé ne se réveille que vers 2h00, puis il se rendort vers 3h00 jusqu’à plus ou moins 7h00. Vous dormez donc, de quoi vous plaignez-vous? »

Des injures me brûlent la langues, ça picote sévère. Restons calme. « Mais vous avez des enfants, Monsieur? » (quand je dis trop souvent « monsieur » ou « madame » c’est que t’as intérêt à filer doux)

« oui »

« Ah mais c’est donc Madame qui s’en occupait alors »

« Non, justement, c’est moi, c’est pour ça que je ne comprend pas, ce n’est pas si fatiguant que ça »

Et mon cul c’est du poulet connard.

Ca a continué comme ça, il a brièvement conseillé à l’autre crétin qui partage ma vie de me dire plus souvent que je suis belle et qu’il m’aime puis a conclut par un « ce sera trente euros s’il-vous-plait, on se revoit dans quinze jours. »

J’aquiesce en souriant mais intérieurement j’imagine l’endroit où il peut se carrer ses trente euros et son rendez-vous.

« Je n’ai pas d’argent sur moi, je vous paye dans quinze jours, on m’avait dit que c’était gratuit ».

On remballe nos affaires, le bébé, le sac à langer et on s’en va, tous les trois dans la nuit. Je boue. Et là, il s’est passé quelque chose. Je dis que ce connard vient d’un autre siècle et que si mon conjoint partage sa vision des choses autant se quitter immédiatement. Il sourit et me dit « mais t’as choisi un conseiller conjugal des années cinquante aussi toi! ». On se met à rire tous les deux. On se met à se parler. On se dit qu’on s’aime.

Quelque chose s’est passé ce soir là. Il a compris, face à ce con, qu’il était en train d’en devenir un lui-même.

Ce fut donc une expérience hallucinante mais extrêmement bénéfique et je vais dès lundi chercher un autre conseiller conjugal, une femme de préférence, et de préférence une qui vit dans notre siècle.

27 thoughts on “Visite chez le conseiller conjugal – back to the fifties

  1. Oh mais quel con ce conseiller…enfin si au moins ça a pu ouvrir un peu les yeux a ton homme ce serait le top…Dans tous les cas un conseiller faut trouver le bon et c’est pas évident…tu as bien fait de prendre rdv avec quelqu’un d’autre….! pfffff Un vrai conseiller ne doit absolument pas prendre parti, il doit faire en sorte d’engager la discussion et d’éviter de transformer la séance en règlement de compte, pfff il ne connait pas son travail celui la, ah je suis énervée contre ce con! Moi des fois je suis au milieu de discussion entre couple d’amis et jamais je ne prend parti, et quand ils se reprochent des choses j’essaie plutot de leur faire voir les bons cotés plutot que les mauvais car quand un mauvais climat s’installe on a forcément pleins de reproches a faire et on n’a pas besoin d’un con qui viennent envenimer les choses (je sais de quoi je parle hein!!! lol)…Courage Cassia…je suis de ton coté et j’espère que vous trouverez une solution car je sais que ce n’est pas facile entre vous, mais il semble tout de même tenir a toi même s’il ne te respecte plus du tout….il y a peut etre une lueur d’espoir….même minime mais c’est a toi de choisir ta vie désormais…plein de bonheur a toi ma belle!

    • Oui, je ne savais même pas que ça existait encore ce genre de discours rétrograde, je suis encore sous le choc :))
      Mais, effectivement bizarrement l’expérience a été très positive, vraiment, il y a eu un changement évident et l’ambiance est au beau fixe ce weekend, ce qui n’est pas arrivé depuis très très longtemps… merci d’être là t’es une vraie amie, je suis heureuse de te connaître Hélène 🙂

  2. Non mais il est dingue ce mec!!!!! Ô|Ô C’est clair qu’il ferait bien de changer de métier le gars… ou de partir à la retraite anticipée! Tu ne lui as pas proposer de venir te les garder, à la maison, une journée, à ton conseiller conjugal, pendant que toi, tu vas passer une journée à décompresser, te faire massouiller, boire un bon thé, avec un gommage, tout ça, tout ça? Vu que ça ne fatigue pas… Ca ne le dérangera donc pas (Duchnoc… petzouille… vas… tsssss).

    L’essentiel, c’est que ça ait porté ses fruits… pour le moment tout du moins (je suis très très philosophe… et j’ai du mal avec ce qui semble avoir marché un coup… ce n’est pas toi, hein?!… je le suis dans ma vie de tous les jours à moi aussi). Mais tu as raison, changes de conseiller… trouves en une moderne (poses des questions au téléphone, en cas… hi hi hi! 😉 )

    Bon courage Miss… et je ne suis pas loin au besoin.
    Lara

  3. Waouh, tu es tombé sur un sacré
    je parle en connaissance de cause car on en vois une depuis 2 mois, elle est très bien mais plus cher qu le tiens (60euro pour 3/4h)
    en tout cas bon courage

      • Elle as son cabinet a elle et un site http://www.conseilconjugal.info/
        pour nous cela nous a bien aidé on y retourne samedi prochain et on pense arrêter là
        mon mari a enfin compris et entendu ce que je lui disais avant mais dit de moi cela n’avez aucun impact
        et moi j’ai compris aussi bien des choses, comme par exemple que la perfection n’existe pas..;
        ici cela a sauvé notre couple en tout cas pour l’instant, car nous nous sommes rendu compte l’un comme l’autre que rien n’est acquis et que la vie peux nous réserver bien des surprises
        les rencontres sont souvent dur, on sort de là content et le lendemain on repense a tout ce qui a été dit et on est très mal, mais on avance

        bon courage

  4. Il a peut être fait exprès, le conseiller conjugal … non ? juste pour ouvrir les yeux de ton homme ! ! enfin je dis ça, je me trompe sans doute, mais l’idée m’est venue comme ça … en tout cas le plus important est que les choses s’arrangent finalement et pour de bon !

    • Non non, je t’assure, il était très premier degré le gars…malheureusement. Mais je trouve surtout que mon mari a eu la seule réaction intelligente possible…c’est déjà un grand espoir pour moi!

  5. non mais attends, je me dédouble sans le savoir ou quoi? c’est de ma vie dont tu parles là, mot pour mot!
    sauf que je n’ai pas réussi à trainer le mec chez un conseiller conjugal, sauf que je n’ai pas réussi à en faire un deuxième. Je suis partie avant.

    bon courage à toi

    • merci pour tes encouragements, et maintenant, tu en es où? je parie que t’es beaucoup plus heureuse depuis que t’es partie, ça a du être un soulagement…je ne sais pas si je fais bien de rester, seul le temps nous le dira, mais en tout cas ce que je peux dire c’est que je n’ai pas passé un weekend aussi détendu depuis…pfiou! je ne sais même plus quand :)))

  6. j’espère que ton homme ne sait pas que tu as ouvert ce blog. si tu as le temps de bloguer, c’est que tu glandes toute la journée, ne te plains pas! (ironique)

    • Héhé, j’ai eu le temps d’écrire car il a sorti la petite hier, je me demande comment je vais m’organiser pour continuer, mais je vais le faire, j’en ai trop besoin en fait, ça m’a fait un bien fou de coucher ça sur « papier »…et de lire tous vos commentaires, ça me rebooste, c’est génial! merci de me lire!

    • Mais ce n’est pas si éloigné de ce qui était réellement enseigné en cours malheureusement d’après ma mère aux filles qui faisaient des cursus cours (celles qui n’avaient pas de super notes)…

  7. Le choix que j’ai fait pour mon fils et pour moi fut loin d’être facile. Notre vie actuelle n’est pas non plus facile tous les jours. Mais je ne regrette pas. Pas une seconde j’ai regretté. J’étais en train de me faire laminer, écraser, ce n’était même plus moi, et ça en devenait aussi préjudiciable pour mon enfant….

    J’espère que vous trouverez le chemin l’un vers l’autre!

  8. oh ça ressemble à ma vie aussi , sauf que moi si quelqu’ un lui dit que je dois gérer, rien lui demander en rentrant parce qu’ il est fatigué il va être d’ accord , 3 bouts de choux ici , le petit dernier est un bébé surprise , pour lui une mauvaise surprise , il ne le voulait pas ,il ne voulait pas le garder, on a pas été d’ accord …
    mon homme ressemble trait pour trait à l’ homme que je déteste le plus :mon père , et moi je vais finir par ressembler à ma mère que je trouve lâche de n’ avoir jamais quitter cet homme ,si ce n’ est pour elle au moins pour nous
    va falloir user de persuasion ici pour le trainer chez un conseiller
    en tout cas j’ espère que vous arriverez à vous en sortir ,

    • les parents, c’est la le soucis, moi j’avais l’impression de devoir ressembler a ma belle mère, en tout cas c’est ce que mon mari me donner comme impression.
      Comparer notre couple a celui de ses parents et tout faire comme eux
      En plus je m’entend tres tres mal avec ma belle mere, pas du tout la même éducation que celle que j’ai eu de ma mère qui a divorcé, 3 fois et est très autonome

  9. Je tombe par hasard sur ton blog et surtout je tombe de haut en lisant ce billet. J’hallucine ! c’est un crétin fini ! il aura eu un mérite, c’est de vous faire reparler. Je suis ravie de voir qu’il peut toujours attendre ces 30€.

  10. Je suis très étonnée par le discours de ce conseiller conjugal! Mais très heureuse pour toi que ton homme ait aussi été marqué par ce discours rétrograde! Bon courage dans votre quête d’un nouveau conseiller, en espérant qu’il vous corresponde +!

  11. Le texte du manuel domestique ci-dessus est extrait d’un bouquin qui s’appelle « Don’ts – petit précis des choses à ne pas faire, à l’usage des épouses », de Blanche Ebbutt (une angliche) et date de… 1913. Il y a des passages nettement plus édifiants (concernant les relations « intimes », notamment) ^^

  12. Tu devrais donner son nom et mes copines féministes se feront un plaisir de le doucher, ce zemmour de merde ! Ma pauvre, ton esprit est alerte et tu vaux plus que toutes ces montagnes de pus que te déverse l’imbécile sur la tête. Moi aussi j’ai été frappée sans raisons et humiliée longtemps par un connard du nom de Sebastien Robinet (j’aime bien l’idée que ça se sache) qui a menti à toute sa famille pour me faire passer pour folle parce qu’il voulait se barrer avec une autre, qu’il a épousée pour son fric et bien sûr, ils sont divorcés depuis ! (ben tiens..) Cela m’a appris que les pervers narcissiques existent et il faut les quitter et aussi surtout leur faire peur (copain costaud, ou policier…copain).

    Il n’y a pas d’autre issue à leur connerie et à leurs violences. un jour ils se diront qu’ils ont été des merdes, mais mm pas sur. En tout cas, à la moindre violence physique, tu portes plainte, il existe des foyers aussi pour femmes battues, et mets de côté relevés bancaires pour prouver qu’il a du fric pour d’éventuelles procédures et les futures pensions alimentaires pour tes enfants, et toi, fait toi progressivement une belle cagnotte de liquide et des valises prêtes pour partir le jour où…si tu n’as plus tes moyens financiers pour retrouver de la marge.

    J’aimerai pouvoir savoir où tu es et t’envoyer un job en même temps qu’un flic pour inverser le courant. Je sais l’horreur que tu vis, donc, surtout pense que tout homme qui profite d’une femme comme cela est une merde, mais il peut le faire car il se « croit » en position de supériorité en ce moment. Sur le fond, il te jalouse, car tu es plus intelligente et douée que lui. Les pervers adorent justement cibler une nana qui était plus forte qu’eux pour essayer d’en faire une moins que eux..qu’ils croient.
    Je te jure que tu retrouveras ta liberté un jour, mais jamais il ne faut céder du terrain à un connard. Il faut que les connards se retrouvent seuls tous, toute leur vie.
    Ma mère en a épousé un, et bien, elle est seule avec lui, et vieillira seule sans sa fille, car moi j’ai coupé des liens qui étaient toxiques depuis toujours car mes deux parents étaient jaloux de moi.. ah quoi bon ?
    Mon mari et mes enfants sont les personnes qui m’aiment dans ce monde à présent. Il aura fallu cotoyer des merdes comme ce mec à qui tu as fait confiance (car ils planquent le truc des années même avant de se payer ta tronche) mais s’il est comme mon ex, il a toujours été et sera toujours un malade mental. la crèche n’est pas la solution totale à ta libération. le chemin sera plus long que cela mais prépare tes attaques dès maintenant stp.

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